Matri Music Party – Célébrons le matrimoine musical ensemble !

Les ambitions de la Matri Music Party en 3 mots qui vous ressemblent ?

• Joie Militante :  La matri music party est une façon de militer dans la joie. Les combats féministes ne sont pas toujours faciles à porter et partager la joie permet de continuer, de croire aux changements possibles, de se donner du courage et de l’envie. Parler des chiffres accablants de la faible présence des femmes (cis et trans) et des personnes non-binaires sur les scènes des festivals et des salles de musiques actuelles en France par le biais d’un jeu, d’un quizz, de questions à choix multiples, visibiliser les musiciennes par des blind-test 100% matrimone, sont des manières détournées et gaies de militer. Je me dis que le message pourrait passer par ce canal là aussi et éveiller les consciences les plus rétives, celles qui se sentent, à tort, agressées par les revendications féministes.

• Transmission : Un jour, l’ancien directeur d’une radio en ligne que j’écoute souvent m’a répondu : « à un moment la réalité c’est la réalité, des femmes y’en a pas ». C’était à propos d’une émission radiophonique de musique, je lui avais demandé s’il y avait moyen de mettre un peu plus en lumière les femmes et personnes minorisées de genre, pour œuvrer à l’égalité des représentations, dans un secteur musical de niche encore très masculin. J’avais été triste de sa réponse, et en colère. Je me suis alors confiée à une amie qui m’a dit « la réalité c’est subjectif, elle est faite de récits, et les personnes au pouvoir des médias et des livres d’histoires maîtrisent la fabrique de ces récits ».  Nous avons besoins de récits, d’histoires, qui parlent de nos réalités, de nos vies, de musiciennes, et de les transmettre, de les visibiliser, de les inscrire dans l’histoire des arts que nous pratiquons et aimons pour que de telles réponses si tristes ne puissent plus être prononcées, pour qu’une réalité plus égalitaire puissent exister. Le collectage des musiciennes locales que j’entreprends fait partie de cette entreprise. Ce travail exercé pendant deux ans dans la ville de Rennes a permis de recenser plus de 300 musiciennes femmes (cis et trans) et personnes non-binaires dans le seul secteur des musiques actuelles, et ce nombre grandit de jour en jour, au fil des collectages, des apéros musiciennes, des échanges, des transmissions. Et j’imagine qu’il est immense si nous l’élargissons aux musiques traditionnelles, classiques, jazz, world, etc…Lors des matri/music/party, nous écrivons le noms des musiciennes locales recensées sur de grandes feuilles et les collons sur les murs des salles qui accueillent le projet. Je fais également tourner ces documents de recensements locaux aux programmateur·ices de salles. Imaginer une plateforme en ligne regroupant tous les travaux de recensements existant serait fantastique ! Il en existe tant ! Plus nous serons visibles, légitimes, nombreus·es, plus il y aura d’exemples parlant à tous·tes, mieux les futures générations s’incriront dans une réalité musicale égalitaire, joyeuse et multiple !

• Célébration : La matri/music/party est un moment de célébration joyeux et collectif du matrimoine musical. Nous avons besoin de nous réunir, entre activistes, militant·es, féministes, mélomanes et mélowomanes, de nous faire du bien, de nous célébrer, de nous unir, de chanter l’hymne du MLF au karaoké mais aussi Mylène Farmer ou Véronique Sanson, ensemble, à l’unisson, de faire corps et choeurs, de partager nos émotions, nos colères, nos joies, nos élans, de faire la chenille en scandant la chanson des Penn Sardin et de nous exercer collectivement aux portés Dirty Dancing. 

Nous sommes super·bes, célébrons nous ! 

Comment et pourquoi est née la Matri Music Party ?

C’est parti du désir de produire une série de fictions radiophoniques mettant en lumière le matrimoine musical. J’ai beaucoup écouté le jeu des 1000 euros sur France Inter et je rêvais de le détourner de façon humoristique, féministe, musicale et militante. J’imaginais des candidat·es mélomanes bien aux faits des chiffres catastrophiques de la présence des femmes (cis et trans) et personnes non-binaires sur les scènes musicales françaises et dans les locaux de répèt (hélas toujours à moins de 20% en gros, mais ça bouge peu à peu!), des épreuves telles Fa Si La Chanter ou N’oubliez Pas Les Paroles où il serait demandé aux candidat·es de finir des chansons de musiciennes locales, poser des Questions Pour Un·e Champion·ne comme celle-ci par exemple: « Top !  je suis une musicienne activiste incroyablement engagée, résistante, drôle et intelligente, née en 1968, j’ai monté le groupe Bikini Kill et initié le mouvement Riot Grrrl dans les années 90, j’étais aussi super pote avec Kurt Cobain et suis à l’origine du titre de l’album « Smells Like Teen Spirit  » de Nirvana, la chanson Deceptecon que j’ai composée pour mon autre groupe Le Tigre est un succès militant planétaire et constitue ma réponse aux propos du chanteur du groupe NOFX. En effet, dans leur titre « Kill Rock Stars » il se permet de scander que Gloria Steinem et moi-même ne changerons pas le monde en détestant les hommes, comme ci le féminisme c’était cela ! Je suis, je suis, je suis… !!! Oui !!! Je suis Kathleen Hanna !! »

J’imaginais faire un focus pour chaque ville invitée/visitée par le jeu, avec une présentation des actions locales, un annuaire des musiciennes locales, citer les efforts de programmation inclusives des salles locales, etc.. Ce qui me demandait un travail de recensement important en amont de la création sonore, pour laquelle j’imaginais produire toutes les voix (celles de l’animatrice, des particpant•es, du public), composer des jingles, les chansons jouées par le groupe de musique accompagnant le jeu, créer la mise en sons des épreuves, etc…Je me suis rendue compte au bout d’un moment que je proposais à moi-même un travail faramineux et majoritairement bénévole (j’ai été accompagnée financièrement au début du projet par le Jardin Moderne à Rennes). J’en ai donc parlé à une amie qui m’a encouragée à transformer cette idée en spectacle.  De là est née la Matri Music Party, qui en est donc à ses balbutiements après 4 éditions. 

Aujourd’hui je propose des ateliers de recensement du matrimoine musical local, des quizz/blind test et ses lots féministes à gagner, et le fameux karaoké matrimoine, mais bientôt les épreuves évolueront, les jingles apparaîtront, les chorégraphies, les paillettes et tutti quanti ! (d’ailleurs si vous, acteur·ices des musiques actuelles, souhaitez financer une résidence chez vous dans ce but n’hésitez pas à me la proposer !).

Quelque chose qui t’enthousiasme particulièrement quand tu penses à l’aventure de la Matri Music Party ?

Les chorégraphies inventées spécialement pour le Karaoké Matrimoine ! Hâte de découvrir les prochaines !  De constater aussi l’engouement autour du projet et l’envie d’y participer activement ! Merci pour cela à HF+Bretagne, Liza Bantegnie et la maison de disques Cartelle, l’émission de radio les Détricoteuses, Camille Pavageau, Sophie Sable, Juliette Josselin, Le Jardin Moderne, et bien d’autres joyeus·es féministes !

Des coups de cœur sur les questions d’égalité, qui t’inspirent ?

Je suis très enthousiaste quand je regarde l’aventure des ateliers de mise en groupe en mixité choisie Salut les Zikettes, initiés par Victoria et Julia à Pantin en 2018 et repris à Rennes et ailleurs par Liza Bantegnie et Margot Oger de la maison de disques Cartelle.  Ces actions inspirent et ce genre d’ateliers de mise en groupe féministe pour femmes (cis et trans) et personnes non-binaires se développent partout en France. On y apprend les bases de la musique pop, punk, rock, des accords simples, des patterns de batterie pour commencer à faire des rythmes etc.. et faire un morceau le temps d’un week-end. 28 de ces groupes sont passés par la case studio d’enregistrement durant l’été 2024 pour notre plus grand plaisir. En effet, la première Compilation «Salut les Zikettes» est sortie sous la forme d’un magnifique vinyle chez Cartelle fin 2024 ! 

Je suis aussi ravie de voir la création d’un dispositif de mentorat pour compositrices de musiques de films à l’initiative du Collectif Troisième Autrice, premier collectif des compositeur·rice·s femmes, personnes trans et non binaires de musique de film en France. Iels sont très actif·ves et développent des actions de visibilisation via les médias mais aussi sur les festivals de cinéma comme Cannes ou les Césars. Iels ont également produit une compilation sur spotify et proposent de nombreux ateliers et tables rondes.

Une telle action est essentielle, car comme iels le disent si bien le changement n’est pas une question de talent mais de volonté. 

NB : Sur 160 films éligibles dans la catégorie « César de la Meilleure Musique Originale », il y a SEULEMENT 10 FILMS signés par une compositeur·rice seule, et 3 signés par des duos ou trios mixtes. 92% des BO sont créées par des compositeurs. Les statistiques n’évoluent pas, ou très peu, et la musique de film reste le secteur le plus inégalitaire de tout l’audiovisuel.

Pour en savoir plus sur le projet de mentorat : coordination@collectiftroisiemeautrice.com 

Pour finir j’aimerais saluer ma ville de toujours, Montpellier, et particulièrement Héloïse Valezy, Annie Coste, autrice du livre Les femmes musiciennes sont dangereuses et musicienne et la programmatrice Isabelle Petit qui ont décidé de s’emparer localement des apéros musiciennes que nous développons à Rennes depuis bientôt 3 ans avec la journaliste et batteuse Audrey Guiller, Le Jardin Moderne et certains cafés et lieux associatifs rennais. Ces apéros musiciennes ont lieux une fois par mois et sont destinés à toutes les femmes (cis, trans) et personnes non-binaires qui ont le désir de se retrouver pour échanger et pratiquer ensemble, et je suis vraiment très heureuse de voir cette aventure commencer dans ce cher sud de la France, à Victoire 2, le Vendredi 24 janvier. 2025. Si vous êtes du coin n’hésitez pas à rejoindre le groupe FB !