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« Amazones » ou les musicien·nes-guerrières de l’Est

Sep 30, 2024

Direction la Drôme, plus précisément à Romans-sur-Isère, où la Cordo, lieux de musiques actuelles du territoire et le collectif les Canut·es s’allient autour du projet Amazones

Née dans les années 2000, l’association La Cordo s’installe dans un premier temps au sein d’une MJC avant d’intégrer en 2013 la Cité de la Musique, aux côtés du Conservatoire de Romans. Labellisée l’année suivante, elle y mène des missions de diffusion (48 concerts/an) et d’accompagnement des pratiques musicales par le biais de ses deux salles et 4 studios (3 de répétition et un d’enregistrement).

La place importante accordée aux enjeux d’égalité entre les genres au sein du projet de la Cordo s’illustre ici dans le projet « Amazones », porté avec le collectif des Canut·es, un collectif de professionnel·les des musiques actuelles qui a pour but d’accompagner, former et aider à la professionnalisation des artistes femmes, trans et non binaires. Pour plus d’information sur l’esprit et les ambitions du collectif, rendez-vous sur l’article dédié issu d’une précédente newsletter Wah ! 

Pour nous parler du projet, nous rencontrons Gwendoline Cornille, chargée de billetterie et d’action culturelle à la Cordo et Céline Frezza, co-fondatrice du collectif Canut·es, ingénieure du son au label Jarring Effect et formatrice dans des ateliers en mixité choisie.

Rencontre avec

Gwendoline Cornille &Céline Frezza

Pouvez-vous nous présenter brièvement le projet « Amazones » ?

Gwendoline Cornille : Ce projet est né du constat d’une certaine sous-représentation des femmes et minorités de genre dans le secteur des musiques actuelles, sur scène mais aussi dans les lieux d’apprentissage et de pratique de la musique comme les studios de répétition par exemple. Mobilisé sur les questions d’égalité des genres, l’équipe de la Cordo via le pôle accompagnement et le pôle action culturelle a voulu proposer ce dispositif en coportage et collaboration avec les Canut·es. On a voulu s’appuyer sur leur expertise, d’une part dans le montage de ce type de projet mais aussi dans la formation et l’animation d’ateliers en mixité choisie, et c’est comme ça qu’est né le projet. 

Céline Frezza  : En effet, il y avait une envie de la directrice, Céline Coutable, de travailler ces questions-là. Nous on portait ce type de projet depuis un moment déjà notamment auprès d’autres SMAC, donc on s’est mises autour de la table pour réfléchir ensemble à un dispositif. Ayant plus l’habitude de proposer des ateliers par-ci, par-là, on leur a cette fois-ci proposé un parcours d’un an, car le travail sur un temps long nous paraissait intéressant à proposer, notamment sur l’aspect d’ancrage territorial des lieux. Ce projet, c’est vraiment un accompagnement à l’empouvoirement et pas seulement à la pratique artistique, mais de sorte qu’ielles puissent dans un second temps se sentir plus à l’aise et décomplexé·es pour investir les lieux comme les studios par exemple. Parmi les sujets traités, on retrouve des formations aux techniques d’enregistrement, aux balances sur scène, de la prévention des violences sexistes et sexuelles etc. Il y a aussi des entretiens individuels et un accompagnement sur le temps long par les professionnel·les du collectif. Il y aura aussi des temps formels, d’autres informels pour créer du lien entre les participant·es. 

Gwendoline : Peut-être pour préciser sur les critères de sélection, l’idée était vraiment d’inscrire le projet en local donc auprès de personnes résidentes de la Drôme. Il y avait aussi l’enjeu d’avoir des personnes motivées et qui ont des besoins auxquels on peut répondre dans une démarche d’empouvoirement. On a aussi fait en fonction de leurs avancées dans leur parcours, leurs âges en veillant à une certaine mixité dans les esthétiques et instruments pratiqués. Aujourd’hui, sur 22 candidatures 8 personnes ont été sélectionnées afin de garantir un accompagnement de proximité durant les ateliers, mais l’ensemble des personnes ayant postulé ont reçu des conseils ou des orientations pour les aider dans leurs projets musicaux.

On voulait sortir de l’image strictement féminine du projet et dans « Amazones », il y a le côté guerrier, empouvoirant, ça nous a tout de suite inspiré

Quelles utopies portent ce projet ? 

Gwendoline : La première fois qu’on s’est rencontrées avec Céline, tu as utilisé l’expression « aller vers une mixité heureuse » et je trouve que c’est vraiment l’utopie du projet, de réfléchir à comment on crée et met à disposition un espace un peu protégé, un peu hors du temps pour que derrière les musicien·nes puissent réintégrer une mixité plus heureuse pour tout le monde. J’aime vraiment beaucoup cette expression et elle colle bien avec le t erme d’utopie je trouve. 

Céline: Je suis flattée d’être citée (rires), espérons que ce ne sera pas qu’une utopie même si le travail est encore long ! 

 

Quelles sont les forces vives du projet ? 

Céline : Toute l’équipe de la Cordo qui est mobilisée sur ce projet, le pôle accompagnement avec Etienne et Yannick, mais aussi l’action culturelle, Nadège à la programmation, Céline la directrice bien sûr, j’ai l’impression que toute l’équipe est engagée dans le processus. Et après il y a les formateur·ices du collectif ! 

Gwendoline : L’enjeu d’égalité étant partagé au sein du projet de la structure, c’était important que ce soit un projet d’équipe et que tout le monde soit impliqué et sensibilisé ne serait-ce que sur les questions qui se posent au sein du lieux et de ce que cela implique. 

Céline : D’ailleurs une des forces vives c’est justement le lieu, qui est presque une personne en soi, et un peu atypique puisque la Cité de la musique comprend à la fois la Cordo mais aussi le Conservatoire. C’est un lieu vivant et un élément important du processus puisqu’ici, il y a tout pour faire une carrière ou un parcours. 

Gwendoline : En effet, il y a un enjeu à faire une passerelle avec le Conservatoire sur ce genre de projet. J’ai présenté le projet auprès des classes de musiques actuelles d’adolescent·es entre 14 et 18 ans. Pour l’instant c’est un peu difficile mais sur une prochaine édition, on aimerait que ces passerelles se fassent et mieux travailler notre communication sur les réseaux sociaux etc.

Il y a beaucoup de musiciennes au conservatoire et on ne les retrouve plus du tout après. Il y a un vrai abandon

Qu’est-ce qui vous enthousiasme particulièrement dans ce projet ? 

Céline : Personnellement, c’est de suivre un groupe pendant un an parce que j’ai fait pas mal de formations sur un ou deux jours, c’est chouette mais pendant un an, je pense qu’il peut vraiment se passer de belles choses. 

Gwendoline : Pour moi, c’est de rencontrer des artistes qu’on ne connaissait pas forcément sur le territoire. A titre personnel, c’est un sujet qui me tient énormément à cœur donc je suis super enthousiaste de pouvoir travailler ces questions, que ça puisse s’incarner dans mon travail et mon quotidien. C’est un projet qui m’emballe à 100% depuis le début. 

 

Enfin, quelles figures féminines vous inspire ce projet ? 

Céline: Stéphanie Gembarski, parce qu’on a beaucoup discuté, pour ce qu’elle porte au sein de la FEDELIMA, elle m’a mis en contact avec d’autres SMAC et lieux de musiques actuelles, le travail qu’elle fait est important. 

Gwendoline : Moi je dirais Élise Vanderhaegen, aujourd’hui directrice du Grand Mix à Tourcoing. Je suis lilloise à la base et on a beaucoup travaillé ensemble notamment quand j’étais en stage, c’est elle qui m’a mis le pied à l’étrier sur toutes ces questions-là, sur la mixité choisie etc. 

Céline : Avec Loud’her, elles étaient précurseuses, j’ai animé mon tout premier atelier avec elles justement donc on est parties de la même personne (rires). Aujourd’hui ce collectif n’existe plus mais elles ont « fait des petits », d’autres collectifs qui se sont créés sur la communauté lilloise.

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