La Cantatrice Chôme : documenter les inégalités de genre, pour mieux agir voire en finir !

Quelles sont les ambitions de la Cantatrice Chôme en 3 mots qui vous ressemblent ?

Tribune : n.f : désignant ici tou·te·s les oratrice·teur·s de l’égalité.

Désignant ici tou·te·s les oratrice·teur·s de l’égalité. Nous avons eu la chance de rencontrer une multitude de personnes incroyablement inspirantes ; aussi bien durant la réalisation des documentaires que lors des projections. Nous souhaitons offrir un espace d’expressions, de mise en avant de toutes ces analyses et ces recherches, ces idées pertinentes et ces initiatives qui s’accordent dans leurs luttes pour l’égalité réelle. Nombreuses sont les personnes qui consacrent énormément de temps, d’énergie et de compétences pour réfléchir, analyser, s’engager et agir sur ces questions. Nous avons souhaité proposer un condensé de toute cette matière incroyablement riche et pouvoir être une sorte de tribune qui visibilise les différents outils et initiatives portées par divers collectifs.
L’égalité Femmes-Hommes utilisée ici comme moteur, nous souhaitons qu’elle tende enfin et concrètement à être cette matrice pour aborder les autres rapports de dominations. Dans le futur, nous espérons pouvoir dire que cette tribune donne la possibilité à toutes les voix de s’exprimer et de se sentir représentées.

Anachronique : adj. : qualificatif auquel nous aspirons à ressembler, et ce le plus tôt possible.

Nous aimerions nous dire que ces documentaires ne sont bientôt plus d’actualité, qu’ils ne correspondent plus à la réalité, car nous sommes passé·e·s d’une égalité écrite et de principe à une égalité concrète et réelle. Nous programmerions alors une projection autour de laquelle nous pourrions nous dire « C‘est fou ! Mais grâce à toutes ces initiatives et ces personnes combatives et inspirantes, l’égalité est réelle ! »

« Multidisciplinaires » adj. : Qui traite du monde des musiques actuelles, mais pas que !

Tous les domaines professionnels, tous les rapports sociaux ont été construits dès notre « sociabilisation enfantine » ; on a appris et intégré des codes selon tout un système binaire. Tous les concepts sociologiques liés aux inégalités et discriminations dans les musiques actuelles, sont identiques dans toutes les sphères de la société. Même si chaque milieu a ses spécificités, même si ces documentaires sont centrés sur le monde de la musique, ils s’adressent à tou·te·s et s’appliquent à toutes nos sphères professionnelles et personnelles.

Tou·te·s ensembles, travaillons à ne pas avoir peur de déconstruire nos privilèges, cela ne peut que nous rendre plus riches.

Qu’est-ce que retenez-vous des 2 premiers épisodes de la Cantatrice Chôme pour vous ? De vos rencontres avec les spectateur·rices ? Les salles où vous les avez diffusés ? Les moments marquants…

Nous gardons surtout l’énergie transmise par un très bon accueil de toutes les personnes et les structures que nous avons rencontrées ! Cela nous a donné la motivation pour traverser plusieurs fois la France en long et en large. Il y a aussi beaucoup de salles de concert qui nous ont contactés d’elles-mêmes pour projeter les documentaires et échanger ensuite sur les questions d’égalité. Cela montre qu’il y a une vraie envie de réfléchir et travailler sur ces sujets qui commencent à grandir dans le milieu des musiques actuelles.

Nous gardons aussi en tête la complémentarité des interventions. Nous n’avons pas tous les éléments en main, toutes les ressources en tête ; c’est dans ce cadre-là que les temps d’échanges sont importants et enrichissants. Nous pensons que c’est en mettant en commun toutes nos connaissances, nos réflexions, nos lectures que nous pourrons bien plus concrètement avancer vers l’égalité. Toutes ces initiatives sont finalement complémentaires. Il ne suffit plus de se reposer sur un outil, mais d’aller en chercher plusieurs, de les mettre en pratique pour se rendre compte de la réelle complémentarité et force de travail de chacun d’eux.
Le cumul de ces actions, de ces formations, de ces outils est nécessaire notamment face aux réticences de certaines personnes que l’on a également pu rencontrer lors de nos projections. Ces personnes (sont souvent d’accord sur le principe de l’égalité, mais) ne voient pas toujours le caractère « systémique » des inégalités et à quel point celles-ci sont encore implantées dans l’ensemble du quotidien et continuent à complexifier le parcours des femmes dans les musiques actuelles.

Enfin, nous voulons insister sur le fait que toutes ces discussions sur l’égalité de genre que l’on a pu avoir ne doivent être qu’une première porte ouverte pour la mise en place d’une égalité réelle, et qu’il est également important d’ouvrir aux questions des inégalités raciales, celles liées aux handicaps, celles liées à la classe sociale, celles liées aux lgbtqia+phobies… et que ces discriminations peuvent se cumuler et complexifier encore plus les trajectoires des personnes.

Et la suite ? Le 3è épisode ?

Au départ, nous avions envisagé 3 épisodes afin d’avoir une vision à 360° : que se passe-t-il sur scène ? Derrière la scène ? Face à la scène ?

Cependant, comme tant d’autres projets sur les questions d’égalité, il est difficile de trouver des financements pérennes pour lancer et développer les projets. Nous recherchons activement et répondons à de nombreux appels à projets et cette année sera décisive quant à l’avenir de La Cantatrice Chôme.

Si nous arrivons à réunir tous ces éléments-là, et à stabiliser le projet, nous partirons avec toute notre motivation dans la rédaction et le tournage du 3e épisode sur la question des publics des musiques actuelles : est-ce que les attentes des publics sont les mêmes selon le genre – ou supposé genre – de l’artiste sur scène? Est-ce que les espaces accueillant les publics sont égalitaires, ouverts à tou·te·s, inclusifs et « safe » pour tou·te·s ? Est-ce qu’il existe des facteurs qui influencent la présence ou la disparition de ces violences et harcèlements sexistes et sexuelles : le style musical, la construction des lieux festifs, etc. ? Est-ce que les musiques actuelles peuvent également être des vecteurs d’émancipation ou de constitutions d’identités plus ou moins genrées pour les publics ?

Si l’avenir nous le permet, nous souhaiterions ensuite continuer à donner la parole aux personnes minorisées et faire des épisodes concernant la difficulté d’accès et l’absence de représentativité des personnes en situation de handicap, des personnes transgenres, des personnes non-binaires.
En tout cas, nous ne manquons pas d’idées et les 2 premiers épisodes sont disponibles si vous souhaitez vous en saisir pour le ou les programmer par chez vous ; n’hésitez pas à nous contacter !

Un ou des coups de cœur sur les questions d’égalité, qui vous inspirent en ce moment ?

Nous souhaitons rester fidèles à nos propos précédents et il est difficile de faire un coup de projecteur sur une initiative précise tellement il y a de projets d’une richesse inestimable. Alors voici une liste (non exhaustive) des actrice·teur·s du changement :

Les Femmes S’en Mêlent, Wah !, Safer, Consentis, She Said So, Majeur.e.s, WomenBeats, Les Canut.e.s, Trajectoires, Musiciennes, Cherchez la Femme (podcast et série arte), NousToutes, Purple Effect, Act Right, More Woman On Stage, Ici C’est Cool, Les Catherinettes, Collectif Incisifves, Pop Women Festival, Barbieturix, MEWEM, Manifesto21, La Petite, Collectif Cru.es, Collectif Cura, Bandshe, Change de Disque, Centre Hubertine Auclert, Noise Spreading, Hot Bodies Choir, Provocative Women For Music, les Collectifs HF, Sound Sisters, Pluségales, Egaé, Keychange, Women Metronum Academy, Les équinoxes, Les Pussy Talks…