Les Canut·es : manufacture d’émancipation et d’empouvoirement des artistes femmes, trans et non-binaires

Les ambitions des Canut·e·s en trois mots qui vous ressemblent ?

« Émancipation : » : on utilise aussi parfois les mots « empouvoirement », « empuissancement » ou « capacitation »… c’est l’idée pour nous d’avoir les connaissances et les outils nécessaires pour avancer en conscience et en confiance, faire des choix qui nous ressemblent, qui ne sont pas guidés par la peur et le doute mais par le désir de s’épanouir. C’est pour ça qu’on a créé les « Clubs Canut·es », des espaces d’apprentissages en mixité choisie pour les artistes femmes, trans et non-binaires, pour leur permettre de renforcer leurs compétences (techniques, administratives, stratégiques, etc.) sans avoir peur de poser des questions, mais aussi pour qu’iels puissent échanger librement sur leurs expériences et leurs pratiques. On veut que ces espaces les aident à se sentir plus légitimes, à oser davantage, à prendre leur place, et à affirmer leurs choix artistiques dans les espaces mixtes.

« Visibilité : » : la visibilité c’est une forme de pouvoir qui a été enlevé aux femmes et aux minorités en général dans toutes les sphères artistiques et intellectuelles. C’est un terrain que nous devons reconquérir car les artistes femmes, trans et non-binaires existent, mais iels sont encore trop peu représentées sur les scènes de musiques actuelles. Et sans visibilité c’est difficile de trouver son public, de trouver des partenaires, de développer son projet artistique et donc d’en vivre. C’est le serpent qui se mord la queue, et nous ne pouvons pas parler d’empouvoirement sans parler de visibilité. Nous souhaitons donc agir à notre échelle sur ce sujet en organisant notamment un festival à Lyon fin 2023. Sur cette question de la visibilité nous sommes partenaires avec le collectif Trajectoires, qui effectue un travail précieux de repérage, de mise en réseau et d’entraide des artistes femmes, trans et non-binaires à Lyon.

« Convivialité » : nous faisons en sorte que nos workshops et nos évènements soient le plus safe possible et nous sommes attentives à ne pas y recréer de rapports de domination. Au-delà de ça, nous voulons créer des espaces de rencontres joyeux, où l’on partage avant tout notre passion commune pour la musique dans un environnement chaleureux et bienveillant.

Comment et pourquoi est née Les Canut·es ? C’est quoi Les Canut·es en quelques exemples qui vous incarnent ?

Le collectif Les Canut·es est né d’une première rencontre entre nous (Céline Frezza et Claudia Courtial). Céline m’a parlé de son expérience auprès de Loud’Her (collectif des Hauts de France) qui l’avait invitée à animer un workshop en mixité choisie sur l’enregistrement et le mixage, et de sa volonté d’en organiser un à Lyon. Je lui ai dit que mon rêve, c’était d’organiser un « Girls Rock Camp » et que je connaissais aussi d’autres femmes à Lyon qui organisaient des ateliers en mixité choisie (Sophie Griffon sur la MAO par exemple) ou qui s’y intéressaient. Du coup on s’est fédérées (on est 12 maintenant) et on a monté le premier « Club Canut·es », un cycle de workshops en mixité choisie d’un week-end par mois de janvier à juin 2022, sur des thématiques variées comme la MAO, les balances, l’enregistrement, la structuration, la communication, etc. En 2023, nous allons relancer les « Club Canutes », mais aussi développer nos actions sur la visibilité des artistes, et la sensibilisation des professionnel·les aux problématiques de genre dans notre secteur.

Un ou des coup(s) de cœur sur les questions d’égalité et de diversité qui vous inspirent en ce moment ?

Il y en a plein et c’est génial, on voit que ce genre d’initiatives se développent un peu partout en France, sur des formats un peu différents en fonction des territoires. Loud’Her dans les Hauts de France est notre première inspiration, mais depuis on a rencontré Women Beats à Paris, la Women Metronum Academy à Toulouse, le Collectif Incisifves à Strasbourg… Notre réseau d’initiatives féministes s’agrandit de jour en jour, avec des collectifs très indépendants comme nous, mais aussi des projets plus « institutionnels » et des SMACS qui montent des mentorats ou des summer camps en mixité choisie. Tout ça nous donne beaucoup d’espoir et de force !