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What About Her ? – Virginie Bergier

Mar 9, 2022

Coach scénique, technicienne du son, formatrice, mais aussi musicienne, chanteuse et auteure-compositrice, Virginie Bergier est une femme aux multiples facettes professionnelles. C’est avec grand plaisir que nous avons pris le temps d’échanger sur le parcours, les engagements et les utopies professionnelles de Virginie qui est actuellement responsable de l’accompagnement artistique à Lo Bolegason, la scène de musiques actuelles de Castres.

Lo Bolegason a vu le jour en 2021 sur les bords de la Durenque petite rivière qui coule dans le Tarn et dans le centre de la Ville de Castres. Lo Bolegason est une salle de concert à « taille humaine » comme on dit, qui peut accueillir un peu plus de 500 personnes dans sa salle pour découvrir une programmation musicale qui navigue dans la grande famille des musiques actuelles. Lo Bolegason c’est aussi un lieu de pratiques musicales. Avec ses quatre studios de répétition et son studio d’enregistrement, Lo Bolegason propose aux musiciennes et musiciens toute une palette d’accompagnements scéniques, artistiques, de développement de projets, des résidences, des temps de rencontres et des soirées qui leur sont dédiées !

Enfin dans une dynamique d’ouverture et de partenariats, c’est par différents projets d’action culturelle (rencontres avec des artistes, ateliers d’écriture, de composition musicale, découverte des métiers du spectacle, master-class…) que cette structure part à la rencontre des personnes qui vivent sur son territoire des tou·te·s petit·e·s au bien plus grand·e·s ! 

Déjà plus de 10 ans maintenant que Lo Bolegason porte bien son surnom d’agitateur de sons !

Entretien avec Virginie Bergier

Virginie, peux-tu nous partager quel a été le parcours qui t’a conduit à occuper le poste de responsable de l’accompagnement artistique au Bolegason ?

Aujourd’hui j’occupe un poste intitulé « responsable de l’accompagnement artistique », ça fait 21 ans que je travaille au Bolegason. J’ai commencé comme chargée de production, puis je suis passée sur la régie des studios en tant que technicienne du son, après avoir été formée pour cette fonction. Et depuis 2010, j’occupe le poste de chargée d’accompagnement artistique. Je suis musicienne de formation, dans la pratique en amateur locale j’avais déjà un gros réseau qui m’a aidé à avancer dans mon métier. J’ai également fait des études universitaires basées sur la psychopédagogie. Je ne pensais pas réellement investir ma vie professionnelle avec ça et en fait, j’en fais tous les jours !

Plus jeune, quand je tournais avec mon groupe, on a gagné un tremplin qui nous offrait des modules de formation. J’étais déjà très intéressée par l’aspect technique et notamment la technique du son. J’avais déjà eu l’occasion de faire une formation courte de technicienne son avec l’ADDA du Tarn au milieu des années 1990. Puis, quand le Bolegason est sorti de terre au début des années 2010, c’était vraiment l’entrée régie des studios qui m’intéressait, le fait de travailler avec des musicien·ne·s et dans le son. Quand le régisseur qui a été pris à ma place à cette époque est parti et qu’on m’a proposé le poste, j’ai été formée en interne par Olivier Grall, régisseur son de cette époque… Et même si je kiffais beaucoup la technique du son, ce qui me plaisait le plus c’était la pédagogie avec les musiciens et les musiciennes, le développement de leurs morceaux, de leur musique, être un regard extérieur pour leur partager des retours. Ensuite, je me suis spécialisée sur cette entrée-là !

En fait, j’ai créé ce poste avec Olivier Nicaise, le directeur de la structure. J’ai profité d’une période de transition entre deux directions pour formaliser des projets et des dispositifs d’accompagnement, développer cet axe qui ne l’était pas encore de manière officielle il y a 10 ans. C’est à cette période que le métier commençait à émerger. Des formations de régisseurs studios étaient proposées, avec juste une petite base de pédagogie… mais en fait, c’était ça qui me faisait kiffer. Quand Olivier, l’actuel directeur, a pris ses fonctions, il m’a laissé carte blanche pour développer l’accompagnement artistique. J’ai pu donner corps à ces activités en partenariat avec mon collègue régisseur des studios.

Tout ce projet, c’est pour qu’elles gagnent confiance en elles

Est-ce que dans ton parcours tu as pu rencontrer d’autres femmes aux mêmes fonctions ?

Quand j’ai commencé à faire de la musique en groupe, il y avait très peu de femmes. J’étais chanteuse guitariste, j’étais plutôt en mode porteuse de projet, j’écrivais mes chansons. C’est sûr qu’il fallait se faire une place au milieu des groupes essentiellement masculins. Ça a été mes premiers pas, mais j’aimais bien les défis, j’aimais bien être celle qui venait mettre un peu le bazar dans ce monde de « gentilles brutes ». En fait, c’est quand j’ai glissé sur la régie (que ce soit sur le son, la lumière ou la régie générale) que j’ai vraiment compris que pour qu’une femme travaille sur ces métiers, il fallait qu’elle soit vraiment forte. C’était vraiment des métiers rugueux, des métiers d’hommes où si tu ne mettais pas les mains dans le cambouis, tu passais clairement pour une biche. En fait, ça a été très formateur. Une fois passé la barrière de « ha elle aussi elle pousse des caisses, elle tire des câbles, elle sait patcher un plateau ! », une fois que tu deviens légitime par ton engagement dans le travail, les hommes dans ces métiers sont hyper formateurs et hyper protecteurs. C’est ce que j’ai ressenti et j’aimais bien ça aussi ! C’est là où j’ai réellement pris conscience que j’évoluais dans un secteur très masculin avec une certaine emprise patriarcale parfois mal placée, mais que ce n’était pas impossible. Et comme je suis plutôt une femme de challenge, j’aime bien aller titiller là où ça pique !

Ça fait 21 ans que je travaille dans les musiques actuelles, en faisant les bilans d’activités je vois qu’on a de plus en plus de filles qui intègrent les studios de répétition ; je vois que de plus en plus de groupes de femmes me contactent pour du coaching ou de la résidence en me disant qu’elles se tournent vers moi parce que je suis une femme. Même si ça m’a fait plaisir au début, car il y avait un véritable engouement de la pratique musicale féminine à venir vers moi parce que je suis une femme, je me disais « c’est super car ça peut être une entrée supplémentaire pour qu’elles intègrent le secteur » ; d’un autre côté je trouve ça un peu dommage parce que ce n’est pas la bonne raison en fait ! On est très transparentes là-dessus. Quand je leur demande pourquoi elles sont venues vers moi et pas vers un autre coach et qu’elles me répondent « parce que t’es une femme », clairement ce n’est pas ce qui fait de moi une bonne coache. Mais elles y trouvent ce truc qui les rassure, où la confiance s’installe plus rapidement, elles n’ont pas peur de s’exprimer telles qu’elles sont. Elles pensent souvent que le fait que je sois une femme rendra le coaching moins intrusif, chose avec laquelle je ne suis pas nécessairement d’accord d’ailleurs ! En tout cas, plus nombreuses on est, plus on est sur des postes jusque-là occupés par des hommes, plus ça dédramatise les situations et plus ça facilite aussi l’accès aux pratiques et à certaines compétences professionnelles.

Ça fait des années que je suis formatrice pour Octopus et Illusion et Macadam sur les parcours d’artistes, ça fait environ sept ans que je fais partie de l’équipe pédagogique et c’est vrai qu’on a de plus en plus de femmes qui postulent sur ces dispositifs en tant que porteuses de projet. Je remarque que les femmes se positionnent davantage en tant que porteuses de projets qu’en tant que musiciennes.

Est-ce que seules les plus fortes s’en sortent ?

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaiterait devenir responsable de l’accompagnement artistique ?

Le premier conseil que je lui donnerais, ce serait « N’aies pas peur de te tromper, c’est bien de se tromper ! ». Mais ça veut dire qu’il faut aussi être honnête et admettre qu’on s’est trompée ! Je lui dirais également qu’il faut y croire, car il n’y a rien de plus intéressant que de travailler avec des humains, encore plus dans la musique. Il faut savoir être à l’écoute, être attentif. Enfin, je lui dirais qu’il faut avoir envie d’apprendre non-stop, il faut savoir se tromper, mais toujours avoir envie d’apprendre.

Comment te projettes-tu sur ton futur professionnel ? 

Je ne serai jamais rassasiée du métier que je fais tant que je le ferai avec des artistes qui auront envie et qui sont passioné·e·s par ce qu’ils et elles font et qui ont envie de défendre leurs idées. Je pense que c’est un métier qui est voué à se développer et à s’adapter aux différentes situations, le contexte sanitaire l’a prouvé, même si les séances à distances ne remplacent pas pleinement la rencontre et la présence avec les artistes. Je pense qu’on a toutes et tous besoin de pouvoir s’accrocher à nos rêves et moi je fais le métier dont je rêvais. Tant qu’on rêve, on peut continuer à espérer !

Pour terminer, aurais-tu un ou des coups de cœur à nous partager dans les groupes à majorité féminine que tu accompagnes ? 

J’ai récemment rencontré Les snappin’ Sisters, c’est un groupe vocal. Elles ont entre 40 et 60 ans et elles ont vraiment envie de bien faire les choses sans nécessairement avoir envie de professionnaliser leur projet. Elles ont une grande motivation, un état d’esprit génial ! 

Le projet en développement Öly me tient beaucoup à cœur. C’est un trio porté par une musicienne, autrice-compositrice que j’ai la chance d’accompagner en ce moment.

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